lundi 1 septembre 2014

Coquins de paroissiens !

La lecture attentive des registres paroissiaux à la recherche d'une fratrie ne manque pas d'intérêt. C'est parfois l'occasion de découvrir quelque pépite.

Je m'attachais à reconstituer la longue liste des enfants du couple formé par René Roulleau et Marie Veau (encore elle), lorsque je tombai sur cette mention.
 
AD Maine-et-Loire, Saint-Just-des-Verchers, vue 117/394

Je rappelle que nous sommes à Saint-Just-des-Verchers, à la toute fin du XVIIe siècle, du temps où Louis XIV régnait sur le royaume de France. Dans l'actuel département du Maine-et-Loire, à une lieue environ au sud de Doué-la-Fontaine. René Jacques Peschin, le curé de la paroisse de Saint-Just, dont je respecte ici l'orthographe originale (toute en lettres doubles, sans beaucoup de ponctuation ni d'accents, sauf là où on ne les attend pas), nous narre ceci :

"Le dimanche cinquiesme jour d'octobre mil six
cent quattre vingt dix huit sur les neuf
heures du matin avant la messe paroissialle
de l'eeglise de S(ain)t Justz de verché à esté
rebeny par nous p(rê)tre curé de la ditte eeglise
soubsigné commissaire à cet effet de monsieur
denesde archydiacre et grand vicaire de
l'eeglise de poistiers le siege episcopal
vacant un petit cimettiere sittué devant
la porte principalle de la ditte eeglise
le quel avoit esté plusieurs années delaissé
des clostures ordonnées par les constitutions
de l'eeglise
de l'eeglise et prophané par des
habitants voisins par plusieurs usages
defendus et indecents pour les quels
eviter par la suitte nous aurrions
faict closre le dit cimettiere de murailles
et de grilles à nos frais le mois
d'avril dernier ; et à esté faitte la
ditte benediction en presence des habitants
de toute la paroisse et de messire
René Jolly p(rê)tre curé de la paroisse de
concourson et de m(essi)re henry chevallier
p(rê)tre curé de la paroisse de S(ain)t
pierre du dit verché soubsignés avec nous
"

Suivent quelques signatures : celle du curé de Saint-Pierre-des-Verchers et celle du curé de Saint-Just, comme indiqué, mais non celle du curé de Concourson ; celle d'un certain Masson, prêtre ; d'une certaine Marie Oger, dont j'ignore le rôle et le statut ; et celle de François Greffin, huissier royal, comme je l'apprends quelques pages plus loin, en lisant un acte de baptême où il est cité comme parrain.


Ce qui me laisse rêveuse, ce n'est pas tant l'élégant paraphe de maître Greffin, orné d'une ruche, que l'allusion faite par le curé : le cimetière aurait été profané "par plusieurs usages défendus et indécents" ! À quelles activités se livraient donc ces coquins de paroissiens, je vous le demande ? J'ai ma petite idée, mais je laisse libre cours à votre imagination…

5 commentaires:

  1. un cimetière, ce serait dans le Berry, je penserais tout de suite à des danses de sorcières :) ... sacrés paroissiens quand meme, il s'en passait de belles dans nos petits villages

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    1. Il est possible que ce soit des choses dans le genre...du point de vue du curé du village, une simple beuverie un peu bruyante pourrait être regardée comme défendue et indécente s'agissant d'un cimetière.

      Vous avez une imagination débordante chère madame...

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  2. Peut-être jouaient-ils simplement aux dames...

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  3. Bonne pioche prêtant à différentes approches
    Nésida

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  4. Il suffisait, par exemple, d'un coup d'épée pour que le cimetière soit profané (D'après un acte que j'ai déjà rencontré, mais hélas, je ne sais plus où ! Si je le retrouve, je ne manquerai pas de vous en faire part.)

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